Identité retrouvée, zwei Identitäten
Hervé Doucet |
Hervé Doucet, Interview (deutsch, françcais):
L’Union Européenne, telle que nous la vivons aujourd’hui, est la matérialisation d’un rêve. Initiée par le Président du Conseil Robert Schuman et le Chancelier Konrad Adenauer, l’idée européenne avait pour origine le désir de panser définitivement les plaies qui séparaient l’Allemagne de la France. Moteur de la construction européenne, le couple franco-allemand, incarné par Adenauer et le Général de Gaulle, consacrait, en 1963, sa réconciliation et initiait une riche coopération par la signature du traité dit de l’Elysée. Pour commémorer le quarantième anniversaire de ce traité, le Chancelier Gerhard Schröder et le Président Jacques Chirac proclamaient leur volonté d’aller encore plus loin. Ils insistaient notamment sur la nécessité de «permettre à nos ressortissants de bénéficier, s’ils le souhaitent, de la nationalité de nos deux pays». Malgré cette volonté généreuse, Alsaciens et Lorrains continuent de subir dans leurs démarches administratives les plus banales les conséquences des derniers conflits qui opposèrent l’Allemagne et la France…
Die Europäische Union ist Wirklichkeit gewordener Traum. An ihrem Anfang steht die von Robert Schuman, dem ersten Präsidenten des Europarates, und Konrad Adenauer, dem deutschen Bundeskanzler, vorangetriebene Versöhnung der beiden Völker. Adenauer und De Gaulle, die Inkarnation des deutsch-französischen Paares und Motor des künftigen Europas, versprachen einander 1963 Freundschaft und Zusammenarbeit im Elysée-Vertrag, zu dessen 40. Jahrestag ihre Nachfolger Jacques Chirac und Gerhard Schröder sich Willens zeigten, noch weiter zu gehen und ihren Bürgern „beide Staatsangehörigkeiten“ zu gewähren. Dennoch sind die Konflikte der Vergangenheit immer noch präsent, zum Beispiel in Form von längst überholten Verwaltungsprozeduren, wie sie meine Mutter noch im Jahr 2004 über sich ergehen lassen musste. Kleinigkeiten mit großer Wirkung.
Maman, peux-tu me raconter la mésaventure qui t’est arrivée lorsque tu as voulu faire refaire ta carte d’identité?… was ist geschehen, als du deinen Personalausweis beantragt hast?
Cela faisait un moment déjà que je devais renouveler mes papiers d’identité. Je me suis renseignée sur les documents que je devais rassembler. La loi ayant changé depuis peu, j’ai appris que l’extrait d’acte de naissance, qui était demandé jusqu’à présent, n’était plus obligatoire. Pour simplifier les choses, m’a-t-on dit, une photocopie de l’original suffisait.
Ich wollte schon seit langem meine Ausweispapiere erneuern. Die Gesetzgebung hatte sich etwas verändert. Zur Beantragung brauche man lediglich eine Fotokopie der Geburtsurkunde, nicht mehr das Original – um die Dinge zu vereinfachen, wie man mir auf dem Amt mitteilte.
Tu dis «simplifier les choses» sur un ton ironique… „die Dinge vereinfachen“ , du sagst das mit einem ironischen Unterton…
Oui, parce que dans mon cas, ça n’a pas simplifié les choses du tout. J’ai écrit à la mairie de la ville où je suis née, Avricourt, en Moselle, pour obtenir cette photocopie. Quelques jours après cela, j’ai reçu un document complètement illisible. Non seulement il était rédigé en allemand, mais en plus, dans une écriture difficile à déchiffrer.
Ja, denn in meinem Fall war nichts einfach. Ich bin nämlich in Avricourt im Department Moselle geboren. Im Rathaus machte man also eine Kopie der Geburtsurkunde, und ein paar Tage später traf das in deutscher Sprache in einer schwer zu entziffernden Schrift verfasste Dokument ein, für mich nahezu unleserlich.
… c’est vrai que lorsque tu es née en 1941, Avricourt était occupée par les Allemands… du bist 1941 geboren, Avricourt war damals von den Deutschen besetzt…
À l’époque Avricourt s’appelait Elfringen. Si je suis née là, c’est que mon grand père y était chef de gare. Mes parents et ma sœur aînée vivaient chez lui. Mes parents m’ont toujours raconté que lorsqu’ils étaient allés déclarer ma naissance à la mairie, les autorités allemandes avaient exigé que mon second prénom soit allemand. Alors que mon père souhaitait que je m’appelle Doris, un prénom à la sonorité américaine qui ne devait pas beaucoup plaire aux dirigeants d’Avricourt – Elfringen, mes parents ont finalement du me donner comme second prénom Hilda… Cette histoire je la connaissais, mais j’ignorais que mon acte de naissance avait été rédigé en allemand. Effectivement, lorsque je me suis présentée à la mairie avec ce document, on m’a répondu qu’il n’était pas exploitable et ne permettait pas d’établir la nouvelle carte d’identité que je souhaitais obtenir. On m’a alors conseillé de m’adresser à un traducteur assermenté pour qu’il déchiffre mon acte de naissance ou au tribunal d’instance pour que mon identité soit officiellement confirmée; des démarches complexes pour simplement obtenir, à plus de 60 ans, un renouvellement de mes papiers d’identité!
Damals hieß Avricourt Elfringen. Mein Großvater war dort Bahnhofsvorsteher. Meine Eltern und meine ältere Schwester lebten bei ihm. Meine Eltern haben mir immer wieder erzählt, wie sie meine Geburt im Rathaus gemeldet und wie die Vertreter der deutschen Autorität verlangt haben, dass mein zweiter Vorname ein deutscher sein solle. Mein Vater wollte mich eigentlich Doris nennen, das hörte aber Amerikanisch an und gefiel der Behörde in Avricourt –Elfringen nicht gerade gut. So wurde aus Doris Hilda… Ich wusste allerdings nicht, dass meine Geburtsurkunde in deutscher Sprache ausgestellt worden war. Mit diesem Dokument einen neuen, französischen, Ausweis zu beantragen, erwies sich schließlich als unmöglich. Also hatten ein vereidigter Übersetzer oder das Amtsgericht meine Identität zu bestätigen. So viele Schwierigkeiten für mich als mehr als Sechzigjährige, nur, um einen neuen Ausweis zu erhalten!
Ce que je ne comprends pas, c’est qu’un extrait d’acte de naissance, qu’il soit rédigé en français ou en allemand, doit comporter des informations identiques… Un nom de famille reste le même…ein Auszug aus dem Familienbuch, ob deutsch oder französisch, muss doch dieselben Informationen enthalten… ein Familienname bleibt doch derselbe…
Eh bien non! A force de lire et relire le document, j’ai fini par déchiffrer mon nom de jeune fille… Et je me suis rendue compte qu’il avait été germanisé. Alors que je m’appelais Hœhn, il était écrit que je m’appelais Höhn!!
Eben nicht! Ich habe in der Geburtsurkunde schließlich meinen Mädchennamen entziffert… um festzustellen, dass er germanisiert worden war. Ich heiße Hœhn, zu lesen war aber Höhn!!
Comment as-tu fait? As-tu pris contact avec un traducteur assermenté?… Und dann? Hast du mit einem vereidigten Übersetzer Kontakt aufgenommen?
Non. On m’a dit que le livret de famille de mes parents pourrait suffire. Ce document est vraiment très intéressant. Au-delà de notre famille, il symbolise une partie de l’histoire des relations entre la France et l’Allemagne. Il s’agit bien entendu d’un livret de famille français, puisque mes parents se sont mariés en 1934. La naissance de chaque enfant est consignée sur une page du livret. Ma sœur, qui est née 1934, y figure la première. Tous les renseignements la concernant sont rédigés en français. Sept ans plus tard, c’est moi qui suis née. La page qui m’est consacré, est entièrement écrite en allemand. Même les différents critères imprimés ont été barrés et traduits en allemand. Enfin, pour mon frère, qui est né en 1948, tout est à nouveau rédigé en français… C’est dommage que l’acte de naissance de mes parents n’y figure pas parce que mon père était né en Moselle en mars 1916 et ma mère en Alsace en avril 1918. Donc, eux aussi, doivent avoir des actes de naissance allemands… Tu imagines: sans réellement voyager, ils ont vécu successivement en territoire allemand, puis en territoire français, puis, à nouveau, sous occupation allemande, et enfin, en France!
Nein. Das Familienbuch genügte schließlich doch. Es ist wirklich sehr interessant, auch weil es für die historischen Beziehungen zwischen Frankreich und Deutschland steht. Es handelt sich wohlgemerkt um ein französisches Familienbuch, da meine Eltern 1934 geheiratet haben. Die Geburt eines jeden Kindes ist hier verzeichnet, meine 1934 geborene Schwester zuerst, alle sie betreffenden Formalitäten sind in französischer Sprache notiert. Die mir gewidmete Seite ist sieben Jahre später in deutscher Sprache ausgefüllt. Selbst die vorgedruckten französischen Begriffe sind durchgestrichen und ins Deutsche übersetzt. Mein 1948 geborener Bruder erhielt wiederum einen Eintrag in französischer Sprache. Schade, dass meine Eltern hier nicht verzeichnet sind, denn mein Vater wurde 1916 im Department Moselle geboren und meine Mutter 1918 im Elsass. Deshalb müssten auch sie deutsche Geburtsurkunden haben. Stell dir vor, ohne zu reisen, haben sie im Wechsel mal in Deutschland, mal in Frankreich gelebt, dann dasselbe noch einmal, um zuletzt in Frankreich zu bleiben!
Et mon grand-père était un «Malgré-nous»… mein Großvater, er war ein „Malgré-nous“…
Oui, il était un «Malgré-nous», ces Alsaciens et Lorrains qui avaient été enrôlés de force par l’armée allemande en 1942. Il avait été envoyé combattre sur le front de l’Est. Il est resté quelque temps en Pologne. Combien de fois nous a-t-il raconté comment il avait été fait prisonnier par l’armée russe? Avec son uniforme allemand, il n’a eu la vie sauve qu’en répétant et en criant qu’il était Français. Ca n’a pas empêché qu’il reste en captivité pendant de longues années. Il est passé par plusieurs camps, dont le tristement célèbre camp de Tambov. Comme il était artiste, il a fait des dessins de chacun des lieux dans lesquels il a été prisonnier. Les soldats soviétiques avaient dû remarquer qu’il dessinait, les officiers lui ont demandé de faire le portrait de leur femme. Cela lui a permis d’obtenir un peu plus de nourriture qu’il a partagée avec ses co-détenus.
Ja, er war einer dieser Elsässer und Lothringer, die 1942 von der Wehrmacht eingezogen und an die Ostfront geschickt wurden. Er war in Polen und wurde dann von den Russen gefangen genommen. Mit seiner deutschen Uniform war er nicht sicher. Auch wenn er immer wieder beteuerte, Franzose zu sein, hat ihn das nicht vor langer Gefangenschaft bewahrt. Er war in mehreren Lagern, unter anderem auch im berüchtigten Tambov. Er war ja Künstler, und so hat er jeden Ort gezeichnet. Die russischen Soldaten sahen das und beauftragten ihn damit, ihre Frauen zu porträtieren. So konnte er sich mehr Essen leisten, das teilte er wiederum mit seinen Mitgefangenen.
Pour en revenir à ta carte d’identité, le livret de famille a-t-il fait l’affaire?…Um zu deinem Ausweis zurück zu kommen, wie ging es also weiter?
Oui, heureusement. L’employée de mairie m’a simplement demandée de lui préciser quel était mon nom de jeune fille puisque le nom qui figurait sur mon acte de naissance «Höhn» ne correspondait pas à celui de mes parents «Hœhn»… A 65 ans, je retrouve mon identité et le nom de mes parents! C’est drôle!
Glücklicherweise hat alles ein gutes Ende genommen. Ich musste im Rathaus lediglich klarstellen, dass meine Geburtsurkunde auf den Namen „Höhn“ ausgestellt ist, der richtige Name meiner Eltern aber « Hœhn » war. Als 65jährige habe ich schließlich meine Identität und den Namen meiner Eltern wiedergefunden, schon seltsam!
P.S.
La conversation est apparue dans le livre „Au Centre de l’Europe. Im Reich der Mitte²„, merci + danke an Hervé et sa maman!